NOTES 215
Les vers que l'on écrit en songeant aux batailles
Tremble)! t de se sentir hardis. Que peut le faible chant dont mon âme tressaille
Puisque les soldats ont tout dit ?. . .
Comme tout nous surprend quand un homme est passé Dans l'ombre où ne vient pas l'aurore !
Se peut-il que l'on soit, l'un du côté glacé, L'autre du côté tiède encore ?...
Comment vivre à présent ? Tout être est solitaire,
Les morts ont tué les vivants ; Leur innombrable poids m'attire vers la terre.
Pourquoi sont-ils passés devant ?...
Cet étonnement, cet effroi, cette lutte passionnée contre l'in- gratitude et l'oubli ne s'accompagnent pas de lâches plaintes, •mais restent loin cependant d'un stoïcisme trop facilement rési- gné. Le scandale d'une mort prématurée, Je grand effacement des visages humains, arrachent au poète des cris tantôt désolés et tantôt charmants :
Soir de juillet limpide oit nage La nerveuse et brusque hirondelle, Tranquillité du paysage Oh le large soleil ruisselle. Ciel d'azur et de mirabelle, Qu'avei-vous fait de leurs visages ?...
Les yeux toujours levés, l'âme habitant l'espace^ Le peuple féminin, comme un peuple d'oiseaux, Fendra la noble nue oh jamais ne s'effacent Les exploits jaillis de vos os !
Quel homme arrêterait ces hautes hirondelles Et les saurait tenir sous un joug asseï sûr ; Elles s'échapperont, adroites infidèles. Et vous rejoindront dans l'aytr !...
Un quart à peine du volume est consacré à la guerre, mais l'idée de la mort, l'horreur de l'anéantissement, la pitié envers les corps voluptueux, condamnés à la vieillesse et à l'insensibi-
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