RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE
LA LITTÉRATURE POLITIQUE
Si diversement qu'on puisse apprécier l'influence de M. Maurras, chacun reconnaît au moins que cette influence existe, et la manière la plus avantageuse de juger cet arbre, — cet olivier de Provence — est évidemment de le juger à ses fruits. Qu'il s'agisse d'orthodoxes ou de dissidents (ou même, finalement, d'adversaires), certains de ces fruits lui font un singulier honneur, et nul plus que M. Jacques Bainville. Evidemment, si M. Bainville s'était développé en dehors de VEnqiiète sur la Monarchie et de Kicl et Tanger, il est probable qu'il fût devenu tout de même un écrivain remarquable, mais on voit bien ce qui lui eût manqué, ce que rien d'aussi con- venable et fait exprès pour son tempérament n'eût su rem- placer.
Avec des mérites littéraires de premier ordre (qui font sou- vent de son article quotidien la meilleure colonne de journal que nous ofl"rent les papiers du matin, de midi et du soir) M. Bainville a la sagesse élégante et classique de se cantonner dans un domaine parfaitement précis et circonscrit. Il s'est fait le docteur de l'intérêt politique français. Et vous me direz peut-être qu'il n'est pas le seul (la profession n'est pas atteinte par le chômage) et que tout le monde ne s'accorde pas à reconnaître qu'il soit le meilleur. Vous alléguerez les ano- nymes bien connus du Temps et de VEcho de Paris, les ré- flexions de M. Gauvain dans les Déhais, la suite qu'après avoir joué des rôles divers et brillants M. André Tardieu donne aujourd'hui dans V Illustration à son abondante production d'avant-guerre. Mais, sans être dans le secret des dieux, ce que
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