AYTRÉ QUI PERD l'haBITUDE 185
croire. L'on dit aussi que c'est son boute qui l'aurait tuée.
Le 21.
Le bouto n'a pas été retrouvé. Nous attendons, pour repartir, la fin de l'enquête.
Je ne suis pas un excellent écrivain. Je travaille néan- moins à exprimer des idées pleines de franchise, qui pour- ront être fort utiles à nos successeurs. Je connais à présent, par expérience, les divers peuples de l'île. L'indigène dans la région d'Ambositra est un être craintif, mou et peu tra- vailleur. La femme est vêtue de blanc ; sa coiffure est bizarre : les tresses sont très nombreuses et quand elles sont réunies elles font de chaque côté des oreilles un petit amas de cheveux lisses en forme d'escargot. Cela doit tenir à l'habitude qu'elles ont de tresser continuellement les joncs pour en faire des nattes et des paniers. Leur toilette est assez coquette, elles ne montrent pas leurs jambes. Il y en a même quelques-unes qui ont commencé à porter des chaussures mais elles ne savent guère s'en servir. Leurs mœurs sont tout ce qu'il y a de plus dépravé : ce sont probablement le pays et les habitudes qui veulent ça.
Le 22.
Nous sommes encore à Ambositra. Nos Sénégalaises s'impatientent. Je cherche à leur faire comprendre que leurs hommes ne sont pas loin et qu'elles n'ont plus que quelques jours à attendre, le plus difficile est de les empê- cher de voler des poules aux Malgaches, Je veux la justice parfaite en tout, et parfois j'ai assez de peine à l'obtenir. En tout cas je fais pour le mieux, mais il arrive sur le moment que cela cause "des ennuis au point de vue amour-propre personnel. Nous avons été de nouveau attaqués dans l'après-midi. Une femme a eu la main traversée par une sagaie. En France, on croit à la pacification de l'île. Je ne me prononce pas mais ce que je sais, c'est que même dans les provinces qui paraissent pacifiées les jeunes Malgaches nous saluent par esprit de crainte, et les vieux, excités par une influence étrangère, nous regardent d'un mauvais œil.
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