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LA PESTE 163

bois sculpté. Nous montâmes un escalier de pierre et Pois- son-Rouge s'effaçant souffla sa lanterne et nous laissa passer. Mac Graw le premier, nous pénétrâmes alors dans une vaste chambre décorée d'une mani-ère étrange qui sen- tait l'enfer de très loin.

— Ceci, souffla Mac Graw, me paraît une chapelle construite pour les dévotions de Black-Teach. » Il s'assit sur un escabeau et nous l'imitâmes, cherchant une place afin de poser nos pieds au milieu des pots de couleur et des pinceaux trempés dans des vases ébréchés.

— Tu n'es plus apothicaire ? interrogea Mac Graw.

— Non, répondit Poisson-Rouge avec brusquerie, aujour- d'hui, je fais de la peinture. Pourquoi ètes-vous venus tous trois ? »

Il s'approcha de moi, au point de me souffler dans la figure ; sa main sèche prit mon poignet, un doigt fit pres- sion sur l'artère.

— Prenez garde », fit-il.

Puis se tournant vers Mac Graw, il dit, avec de la colère dans la voix : « Etes-vous sûr de ne pas l'avoir ? Montrez la langue... Et vos yeux... comme ils sont rouges ! »

— « Tu devrais nous donner à boire, » répondit Mac Graw.

Poisson-Rouge descendit en grommelant des paroles confuses. Nous l'entendîmes remuer un trousseau de clefs dans la. cour.

Alors sans échanger une parole nous regardâmes autour de nous : Le plancher de la pièce était jonché de débris de toile, de pots de couleur et de pinceaux usés ; dans un coin, s'alignaient d'étranges pains de sucre en carton, dont certains, à moitié décorés, présentaient un aspect à la fois grotesque et repoussant ; sur les murs étaient accrochés des croix couvertes d'inscriptions latines, des scapulaires immenses barrés de croix de Saint-André et d'autres por- tant des diables ailés brandissant des tridents, soufflant des flammes.

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