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resque et significative des mots : tout ce qui constitue enfin l’art poétique. »

Dans le genre érotique comme dans tous les genres qu’il aborda, Ronsard apparaît comme un inventeur prodigieux.

R. A.

THI-BA, FILLE D’ANNAM, roman, par Jean d’Esme (Collect. des écrivains combattants. Renaissance du livre).

C’est l’aventure d’une Ariane coloniale, à laquelle M. Jean d’Esme après MM. Loti, Farrère et Pierre Mille, entreprend de nous intéresser. Heureuse surprise, il y parvient grâce à une profonde sympathie pour les paysages, les mœurs et les gens d’Annam, sympathie qu’il réussit à faire partager au lecteur. On sent que M. Jean d’Esme n’a pas vécu en étranger dans le milieu qu’il évoque avec un charme simple et sûr. Sa Thi-Ba n’est pas une réplique des Butterfly et des Azyadé d’opéra-comique ; c’est un être complexe et puéril en qui souffre l’âme annamite, sombre fleur secrète rêvant à la surface des étangs, entre les touffes de lentilles d’eau et de lotus. Depuis les récits farouches du pauvre Bernard Combette, notre littérature coloniale ne s’était pas enrichie d’un ouvrage de cette qualité, si éloigné de l’exotisme conventionnel.

R. A.




LA FLUTE DE JADE, par Franz Toussaint (Piazza).

L’amour est enseveli sous les scrupules, comme la flûte égarée sous l’herbe, l’ombre d’une fleur danse sur les joues endormies, un rêve ou un papillon se pose sur mon épaule ; il n’est pas d’image ici qui ne soit délicieuse par nature ou par habitude — et telle enfin qu’en l’écrivant l’on doive avoir le sentiment de tricher.

J. P.



LE ROI DES SCHNORRERS, par Israël Zangwill. — Traduction de Georges Dreyfus (Ollendorff).

Voici, mis au goût de la chrétienté, et saupoudré d’humour anglais, le vieux comique juif des veillées du Sabbat, le comi-