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NOTES 121

pouvons comprendre avec quelle ardeur un Français d'aujour- d'hui qui s'enflamme aux grandes traditions de son pays et qui sait que la France ne pourra jamais s'élever à la pleine mesure de sa grandeur, tant qu'elle sera déchirée intérieurement, doit poursuivre la tâche sacrée qui consiste à refaire son unité. Cela ne peut nous empêcher de voir certains faits d'une portée générale qui dominent notre temps, certaines conditions préa- lables qui -en France, tout comme chez nous, doivent être

accomplies si l'on veut y rétablir l'unité

De nouveaux principes d'organisation doivent être recherchés, dans lesquels la vérité en question sera pleinement reconnue ; et cette reconnaissance pleine et entière rendra alors possibles la sauvegarde et les limitations qu'exige la conservation de l'organisme. C'est ce que M. Maurras n'a pas vu. Il voudrait continuer à travailler avec les anciennes catégories, il nourrit encore l'espoir que la France d'aujourd'hui acceptera cette camisole de force, que déjà au xviii^ siècle, qui pourtant était un siècle relativement peu éclairé, elle déchira avec tant de violence, en la jetant loin derrière elle. Son horreur de la révolution (la révolution dite française, comme il s'exprime) ne connaît pas de limites, et pourtant considérés d'un certain • point de vue, les révolutionnaires ne firent que se rendre cou- pables de la même faute que lui — la fimte de pousser des idées jusqu'à des excès romantiques : encore les idées qu'ils exagérèrent eurent-elles le mérite d'être de celles qui étaient dans la logique des choses.

. Il n'y a rien de plus facile que de railler les erreurs des modernes, que de se moquer des illusions pathétiques aux- quelles le chaos de leurs aspirations contradictoires donne lieu. L'atmosphère est tellement chargée de bonnes intentions qu'on serait tenté d'envier les avocats qui plaident en faveur de la « réalisation », pour la joie qu'ils doivent éprouver à crever les jolies bulles de savon. M. Maurras le fait avec autant de grâce que de fermeté — du haut de son ballon qu'il prend pour terra firma, tandis que des vaisseaux plus légers et plus vulnérables naviguent tout autour de lui. Car il n'est pas un réaliste, dans le vrai sens du mot. C'est un homme qui aime les restrictions, et son amour du classique est l'amour de ce qui est achevé et non de la puissance qui achève. Nous pen-

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