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95^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

avec la musique. Tel morceau (très beau et qui me semble parfait) comme Angoisse est encore tout fluide de la musique qui l'a déposé, et paraît dessiner, non verbalement mais intérieurement, les lignes mêmes de quelque lied schu- mannien où sa destinée irréalisée serait de se fondre.

ALBERT THIBAUDET

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��HISTOIRES EXOTIQUES ET MERVEILLEUSES, par Pierre Mille (Ferenczi, éditeur).

On retrouve dans ces douze histoires, comme dans les centaines d'autres qu'a publiées Pierre Mille, tous les dons de conteur de Fabliaux d'une part et de reporter d'autre part qui font son originalité et restent' l'essentiel de son art. Comme le clerc ou le chante-histoires du xiii^ siècle, il puise dans la tradition orale, dans le riche fond des « bonnes his- toires » de nos provinces, et du folklore juif, colonial ou musulman, et il transcrit ces récits en les ornant de consi- dérations morales, philosophiques ou sociales, en les enri- chissant d'idées générales. A la façon du fait-diversier du x\e siècle, il réussit à faire voisiner et à fondre ensemble le quotidien de l'existence et l'unique de l'aventure.

Pierre Mille peint les aventuriers tels qu'ils sont, tous nos Stevensoniens d'aujourd'hui les peignent tels qu'ils devraient être.

Quant à l'influence anglo-saxonne, souvent apparente, et même agressive, elle n'est pas, si l'on y regarde à deux fois, plus profonde chez lui que dans ces vieux villages français du front picard, où tout ce que les Britanniques ont enseigné à nos ruraux en cinq ans de cohabitation, c'est à épicer de quelques ^/V/i'/^i notre bœuf bouilli national.

BENJAMIN CRÉMIEUX

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