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BEAUTÉ, MON BEAU SOUCI 89-

— Oui, exactement, répondit Ruby ; et voyez ! ajouta-t-elle en désignant son amie d'un regard.

Queenie s'était endormie, la tête sur l'épaule de Marc.

Encore une semaine d'attente. Marc était un peu honteux de s'apercevoir à quel point cette enfant l'occu- pait. Qui sait si un jour Queenie ne serait pas, dans son souvenir, tout simplement une d'entre les milliers de ces jolies petites londoniennes en jupes courtes et cheveux pendant sur le dos, une de ces « fleurs de la Ville de Londres » qu'a si admirablement chantées le mystique William Blake, mais après tout (v just a flapper » et rien de plus ? N'avait-il pas déjà tout ce qu'il pouvait souhai- ter pour son repos : une femme aimable et attentive à son bien-être ? Mais non ; il y avait cet appel rude, sauvage et mélodieux de la jeunesse de Queenie, dans son cœur, — comme le chant du bel oiseau solitaire dans le jardin de la villa déserte. Et pourtant c'était une aventure si banale que c'était à peine s'il oserait la racon- ter, en quelques mots, à un ami. Mais peut-être pour- rait-il la compliquer un peu. Maintenant qu'il était assuré de l'affection de Queenie, pourquoi ne tenterait- il pas la conquête de Kuby ? Elle lui avait paru moins jolie que Queenie, mais plus réfléchie, plus femme, bien qu'elle fût moins développée. Ce petit front bombé, ces yeux et cette bouche qui semblait s'offrir, et surtout cette nuque mince sous les courtes boucles noires... Oui, la chose serait amusante, et possible, après tout.

Il suivait paresseusement ces pensées tout en mar- <:hant dans la foule, le long d'Oxford Street, et soudain

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