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��LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

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��Cependant ce qui existe littérairement ce sont les élites et non les moyennes. Le naturalisme c'est avant tout le groupe dit de Médan, les six écrivains sur qui MM. Deffoux et Zavie ont écrit six chapitres pleins de choses curieuses. Il y a eu cette année quarante ans que Zola, Maupassant, Huysmans, Paul Alexis, MM. Céard et Hennique, réunis par certaine idée commune du récit et du roman, écrivirent les six nou- velles des Soirées de Médan. Zola, alors lancé et connu, y col- laborait bienveillamment avec cinq jeunes écrivains qui n'avaient rien produit de remarqué. Or les six se partagent nettement en deux groupes.

D'abord celui qu'on pourrait appeler le naturalisme impersonnel, avec Céard, Hennique et Alexis, qui a saisi et appliqué la formule avec le minimum d'ori- ginalité extérieure et visible, ce qui se concilie fort bien avec la pure esthétique naturaliste, et lui a fait écrire les œuvres chimiquement pures de l'école, comme Une Belle Journée. Evidemment Une Belle Journée n'est pas baptisée dans les eaux du génie. Mais cette œuvre sèche, qui a aujourd'hui quarante ans, ne date pas, et se lit encore avec une parfaite satisfaction. On sait d'ailleurs qu'un de ses mérites est d'être placée sur le chemin du Vin en Bouteilles, un simple titre qui, comme V Incommodité des Commodes de Jules Vabre, est plus célèbre que bien des œuvres en trente- cinq volumes, et que M. Deffoux dépouille, malheureusement, de son auréole en nous apprenant que le manuscrit existe et compte trois cents lignes. Le naturalisme a tourné ici, comme le symbolisme avec Mallarmé, autour d'une page blanche, d'une perfection sans tache et sans réalité, du roman où il n'arrive rien et qui, pour des initiés, signifierait tout. Ce naturalisme est à VEducation Sentimentale ce que VAprès-Midi d'un Faune

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