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•74 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

dépense du ménage. C'était par desamis des Longlîurst que Marc avait connu Edith. Il n'avait pas tardé à savoir que les deux belles-sœurs ne faisaient pas très bon ménage et qu'Edith souffrait, dans cette maison. Déjà il il était en termes d'intimité a-ssez grande avec elle pour se permettre de lui proposer de venir vivre chez lui pen- dant les quelques mois qu'il devait passer dans son appartement de Chelsea, mais il la prévint qu'au début de l'hiver il partirait, comme tous les ans, pour un autre pays. Elle devrait se considérer comme son invitée, et en échange, elle dirigerait sa maison, avec pleine autorité sur la servante et dans tous les détails du ménage, et serait en somme, aux yeux de toutes les personnes qui pourraient avoir affaire à Marc, son intendante. C'était, pour elle, pour lui, et à l'égard du monde, la meilleure solution. Il avait d'abord craint qu'elle ne consentît à cet arrangement avec l'impression que c'était pour elle une sorte de déchéance. Mais ils étaient alors trop préoccupés de bien cacher et d'abriter leur affection pour qu'elle s'attardât à des considérations de ce genre ; et tout récemment encore, elle lui avait dit que jamais, au temps où elle jouissait de tous ses avantages sociaux et de toutes ses prérogatives d'épouse, elle n'avait été aussi heureuse qu'à présent. Pour ses amies et connais- sances elle était censée avoir quitté Londres.

Le fait qu'il pût plaire à une femme, ou tout au moins qu'une femme se laissât aimer de lui, était tou- jours pour Marc un sujet d'étonnement, et chaque fois que ce fait lui devenait évident, il inclinait à croire que c'était l'effet d'un hasard, un miracle, et que ce phéno- mène insolite ne se reproduirait jamais plus dans sa vie.

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