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RÉFLEXIONS SUR LA LITTERATURE

LES CONCOURT

S'il faut en croire le Journal, Larroumet contait un jour chez Edmond de Concourt qu'ayant cité un livre des deux frères dans les notes de sa grosse thèse sur Marivaux, il fut, à la soutenance, vivement repris pour avoir osé prononcer le nom d'un homme qui avait appelé l'antiquité le pain des professeurs. Je crois fort que Larroumet, Gascon avisé et intrigant, inventait là de quoi se faire bien voir du vieil homme de lettres d'Auteuil, bien qu'à vrai dire des sorties de ce genre ne fussent pas inconnues, dans la vieille salle des thèses, au temps du doyen Himly. Quoiqu'il en soit, c'est comme sujet de thèse que les Concourt entrent aujour- d'hui en Sorbonne, — de l'énorme thèse qu'insoucieux de la crise du papier M. Pierre Sabatier consacre à VEsthéiiqiic des Goiicoiirt : livre un peu diffus mais complet, écrit dans un effort consciencieux de sympathie, et qui rendra de bons services. On y souhaiterait un jugement moins timide, ou, plus simplement, un jugement. Sans faire du jugement, à la manière de M. Lasserre, le tout de la critique, on ne saurait, à moins d'une certaine démission, se soustraire à la fonction de juger, lorsqu'on traite d'une matière aussi litigieuse et aussi discutée que celle qu'a choisie M. Sabatier. Et je ne veux pas dire qu'il s'en dispense tout à fait, mais enfin il

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