velle cure en automne ; ce qui servait tous mes désirs.
Entre temps l’on m’envoyait prendre des douches à
Gérardmer.
Je renonce à copier ici les pages où je racontais d’abord Gérardmer, ses forêts, ses vallons, ses chaumes, la vie oisive que j’y menai. Elles n’apporteraient rien de neuf et j’ai hâte de sortir enfin des ténèbres de mon enfance.
Lorsqu’après dix mois de jachère ma mère me ramena à Paris et me remit à l’Ecole Alsacienne, j’avais complètement perdu le pli. Je n’y étais pas depuis quinze jours que j’ajoutais à mon répertoire de troubles nerveux, les maux de tête, d’usage plus discret, et partant plus pratique en classe. Ces maux de tête m’ayant complètement quitté à partir de la vingtième année, et plus tôt même, je les ai jugés très sévèrement par la suite, les accusant d’avoir été, sinon tout à fait feints, du moins grandement exagérés. Mais à présent qu’ils reparaissent, je les reconnais, ceux de la quarante-sixième année[1] exactement pareils à ceux de la treizième, et admets qu’ils aient pu décourager mon effort. En vérité je n’étais pas paresseux ; et de toute mon âme j’applaudissais en entendant mon oncle Emile déclarer :
— André aimera toujours le travail.
Mais c’était également lui qui m’appelait : l’irrégulier. Le fait est que je ne m’astreignais qu’à grand’peine ; à cet âge déjà, l’obstination laborieuse je la mettais dans la reprise à petits coups d’un effort que je ne pouvais pas prolonger. Il me prenait des fatigues soudaines, des fatigues de tête, des sortes d’interruptions de cou-
- ↑ Ecrit en 1916.