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SI LE GRAIN NE MEURT... 757

avouerai-je qu'aujourd'hui cette indignation ne me paraît pas bien méritée : Ces mouvements, s'ils étaient conscients, n'étaient qu'à peu près volontaires. C'est-à- dire que, tout au plus, j'aurais pu les retenir un peu. Mais j'éprouvais le plus grand soûlas à les faire. Ah ! que de fois, longtemps ensuite, souftVant des nerfs, ai-je pu déplorer de n'être plus à un âge où quelques entrechats...

Dès les premières manifestations de ce mal bizarre, le docteur L*** avait pu rassurer ma mère : les nerfs, rien que les nerfs, disait-il ; mais comme tout de même je continuais de gigoter, il jugea bon d'appeler à la rescousse deux confrères. La consultation eut lieu, je ne sais com- ment ni pourquoi, dans une chambre de l'hôtel Nevet \ Ils étaient là, trois docteurs, L***, T*** et B***, ce der- nier, médecin de Lamalou-les-bains, où il était question de m'envoyer. Ma mère assistait, silencieuse.

J'étais un peu tremblant du tour que prenait l'aven- ture ; ces vieux messieurs,, dont deux à barbe blanche, me retournaient dans tous les sens, m'auscultaient, puis parlaient entre eux à voix basse... Allaient-ils me percer à jour ? dire, l'un d'eux, M. T*** à l'œil sévère :

— Une bonne fessée, Madame, voilà ce qui convient à cet enfant...?

Mais non ; et plus ils m'examinent, plus semble les pénétrer \e sentiment de l'authenticité de mon cas. Après tout, puis-je prétendre en savoir sur moi-même plus long que ces Messieurs ? En croyant les tromper,

I. A bien v rclléchir je crois qu'il faut placer cette consultation entre mes deux premiers séjours à Lamalou, et c'est ce qui expli- querait que nous fussions à Thôtel.

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