Page:NRF 15.djvu/698

Cette page n’a pas encore été corrigée

^92 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Apollinaire, en peine de servir, manqua entrer dans les postes.

— Bon sang ! s'écria Dalize en bouclant sa cantine, nous ne recevrons jamais nos lettres.

Ce fut Tartillerie, Nîmes d'où il m'écrivit :

J'ai vu Creiniiit:;;^ à Nice où il est encore an dépôt. Très jaloux de via tenue de conducteur. C'est, il est vrai, très chic.

Il m'écrivit encore à Vincennes^ très sérieux : « Je te félicite. » Au front, cette carte me parvint : « Brigadier, je suis dans un patelin où j'ai retrouvé le vin de T Escargot, rue Lepic, ce n'est pas V Anjou. »

C'était la Champagne où l'infanterie le prit pour en faire un officier et où la mort lui donna le baiser de fer et de feu avec la marque de quoi il devait vivre jusqu'à ce que la fièvre l'emporte,

«... le brigadier au masque aveugle souriait amoureuse- ment à l'avenir, lorsqu'un éclat d'obus de gros calibre le frappa à la tête d'où il sortit, comme un sang pur, une Minerve triomphale.

« Debout, tout le nuvide, afin d'accueillir courtoisement la victoire ! »

Le jour mourait sans que la pensée nous vînt d'allu- mer les lampes ; ma femme et moi, nous écoutions ta femme en deuil «... Il était si triste d'être depuis la guerre éloigné de ses amis... il ne se consolait pas de la mort de René Dalize... il se sentait très seul... le soir... ah ! comme il vovait tomber le soir avec hor- rcur ! »

Il y a, rue de Châteaudun, chez un bouquiniste, une

�� �