Page:NRF 15.djvu/654

Cette page n’a pas encore été corrigée

64'S LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

s'exprimer librement. Nous apporterons des textes d'une portée littéraire et psychologique, pour aider à comparer et à savoir. Q.ue l'on nous com- prenne bien : nous ne venons pas prêcher une doctrine de conciliation obligatoire, mais simplement fournir l'occasion de rencontres qui ne se produiraient pas ailleurs. Dessein prudent, d'une sagesse empirique, et qui vise à juxtaposer, non à confondre.

  • *

Anatole France, dans la Revue de Paris (ler septembre), parle enfin de Stendhal ; voici deux aimables motifs de vignettes :

A Milan, durant les guerres, le hasard ingénieux... se plut à joindre dans une loge de la Scala un jeune oflicier joufflu, enluminé, râblé, le mollet tendu, à un vieux, long et mélancolique général d'artillerie Henri Beyle à Choderlos de Laclos. Beyle, dès l'enfance, piochait les Liaisons dangereuses comme le manuel du bon séducteur. Or, Laclos avait composé ce livre dans sa jeunesse à Grenoble. Le jeune Dauphinois lui put parler de madame de Merteuil, de son vrai nom madame de Montfort, boiteuse et qui lui donnait des noix confites. Et Laclos, attristé par la ruine de ses ambitions démesurées, « s'attendrit » à ce souvenir.

11 avnit horreur de l'art chrétien. 11 ne pouvait souffrir ce qui est triste et s'en tenait sur les cathédrales au sentiment de Fcnclon qui. dans son Dialogue sur ïhlcquencc, comparait un mauvais sermon à une église gothique. C'est Mérimée, qui lui apprit à distinguer l'arc roman de l'arc en tiers-point. L'archéologue qui étudia la Chaise-Dieu et Saint-Savin, le jeune Mérimée, ironique et froid, montrant au gros homme rougeaud qui tend le jarret une abside romane ornée de têtes coupées, voilà un beau sujet de vignette ! Celle-là nous l'imaginons romantique, dans la manière cruelle et satanique des lithographies dont l^ugéne Delacroix illustra le Faust de Gathe. Cette lithographie porterait pour légende en lettre gothi- que de style 1850 :

« Stend. — Non, je n'aime pas l'art triste.

« Mér. — Ce qui amuse n'est pas triste. Voyez toute cette diablerie ! »

��La revue Universelle (15 Août) .• La thcorie de la lutte des classes, par G. Valois.

LE GÉRANT : GASTON GALLIMARD. APBEVILLE. — IMPRIMERIE E. PAILLART.

�� �