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NOTES 629

de Gide, on dirait volontiers que Curtius l'a subtilement et comme d'un coup pénétrée.

La portée historique de Gide repose sur deux piliers, dit-il, son œuvre critique et son œuvre créatrice.

Il analyse avec sagacité les Prétextes et les N'oiiveaiix Pré- textes, ces volumes de critique d'art qui vont au delà de l'art et qui sont autant, à qui sait lire, des traités de morale indi- viduelle et sociale, si importants qu'il ne faudrait pas s'étonner qu'ils fussent appelés à devenir, dans un temps assez proche, lesplussùrs véhicules à l'étranger, de l'influence éducatrice, qui est dévolue à la France parmi les nations.

Dans l'anarchie artistique de l'époque présente, est-il dit plus loin, Gide a maintenu vivantes les traditions de la vieille France. Tous les instincts du classicisme français vivent en lui et il loue dans ce classicisme précisément ce qui paraît si étroit et si étranger au sentiment superficiel des modernes : la clarté.

Il l'aime parce qu'elle protège le plus sûrement le secret de l'œuvre d!art contre toute intrusion profane...

Voici maintenant le passage sur Rolland :

Nul Français cadrant si peu que Romain Rolland avec l'image que nous avons coutume de nous faire de la France Moderne.

Certains s'étonneront que cette voix, dit en 1914, Otto Grau- toff, vienne d'un pars auquel si souvent nous reprochons ses ten- dances neurasthéniques, que nous sommes habitués à considérer comme le terrain d'éclosion de convoitises séniles et corruptrices. Nous ne pensions pas que la santé, la force, l'équilibre de l'âme, la beauté limpide et claire pussent se rencontrer aussi bien sur l'autre rive du Rhin.

Il a fallu Romain Rolland pour les en convaincre.

On comprend du reste que certains côtés à la fois subli- mes, moralisateurs, didactiques, certains côtés « Schiller », si j'ose dire, et cette sauce à la fois sentimentale et vertueuse où il a réussi à faire flotter d'aussi rudes figures que celles de

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