Page:NRF 15.djvu/611

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 605

coup plus qu'à Picasso et à Braque, bien qu'il s'efforce à une profitable analogie.

Ce qui ne saurait être dénié à M. Cocteau c'est la parfaite aisance avec laquelle il laisse tomber le poncif usagé. Hier il découvrait, après d'autres, fe paradis d'acajou et de nickel des bars, les jazz-bands et les gratte-ciels, aujourd'hui le voici qui s'avise qu' «il n'y a rien de plus démodé que le moderne». Il prépare son retour à la Rose, c'est-à-dire à son naturel. Rien de mieux, surtout si la rose est un peu plus étoffée que celle de Sbébéra:^ade. Cette conversion est à inscrire au compte de Dada. M. Jean Cocteau renonceà la lutte. Honneur au plus offrant et dernier enchérisseur.

ROGER ALLARD

  • *

EDMOND JALOUX.

L'Académie Française a décerné cette année son prix prin- cipal de littérature à l'œuvre de M. Edmond Jaloux. Cette récompense allait d'une façon parfaitement naturelle à l'un des romanciers les plus distingués d'aujourd'hui, et elle nous fait une occasion de marquer un peu la place qu'il occupe.

La production romanesque de M. Jaloux, déjà considérable, rappelle par certains côtés celle de M. Bourget, de M. Boy- lesve, de M. Bertrand. Comme eux M. Jaloux se fait du roman une idée organique et vivante qui le conduit à tenter des genres différents, à remplir un cercle plutôt qu'à allonger une ligne. C'est là pour un romancier une condition de renouvellement et d'élasticité ; c'est seulement ainsi que lui- même apprend à connaître ses forces et que nous apprenons à le connaître suivant ses réussites et ses échecs, à le modeler selon les ombres et les lumières qui lui sont propres.

M. Jaloux a écrit des romans de mœurs provinciales, pit- toresques et vigoureux, comme les Sangsues, des romans d'analyse très délicats comme V Agonie de l'Amour, des romans

�� �