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588 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

donnait beaucoup à cette spontanéité du lecteur ou du cri- tique, et il semble que la Symphonie Pastorale, s'accordant ici avec son titre musical, lui abandonne davantage encore. On voudra bien trouver naturel que je réponde ici à cet appel d'air.

Peut-être regrettcrais-je que la mariée soit trop belle et que l'auteur me fasse le cliamp trop large. 11 a indiqué tout l'es- sentiel de son sujet, et c'est à nous de faire refleurir ses roses de Jéricho. iMais ce sujet était si beau et si riche, il prêtait à tant de variations et de suggestions qu'on voudrait que l'auteur se fût pris pour lui de plus de passion encore, et qu'il l'eût traité en vraie svmphonie plutôt qu'en sonate. 11 dépasse par trop le cadre de cette musique de chambre à laquelle Gide s'est tant plu avec le Retour de l'Eufaut Prodigue, la Porte Etroite et Isabelle. Peut-être abandonncrai-je tout à l'heure ce point de vue, mais ce ne sera pas sans en avoir tiré ce qu'il contient de juste.

Quand je dis que ce sujet est très beau, quand à la réflexion j'ajoute que c'est peut-être le plus beau qui soit, je pense à ce titre d'un livre de Descartes : Du Monde ou de la Lumière. Pour une intelligence l'idée du monde se confond avec l'idée de la lumière, connaître c'est voir ; et l'allégorie de la caverne dans la République est à peine une allégorie, et bien plutôt la transposition exacte à la lumière intellectuelle de ce qui concerne sa sœur aînée ou bien jumelle, la lumière physique. Cela a donné naturellement une des plus belles pages des littératures humaines. Platon aurait fait évidem- ment un grand livre en développant l'aventure d'un de ces prisonniers ; et ce livre après tout nous l'avons et il est formé par l'ensemble des dialogues, lutte de la lumière et des ténèbres, histoire des yeux qui s'ouvrent, ou qu'ouvre le pasteur-type, Socrate.

Mais pour les yeux de l'âme comme pour les yeux du corps la lumière existe en fonction de l'ombre, en fonctioa

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