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LES PINCENGRAIN 575

autorité douce, persuasive, il ne sait pas ? irrésistible, qui le prépare délicieusement à la mort. Il parle de « la Grâce » comme théologien. Lui, le petit nain trapu qui avait désiré de voir le géant le plus terrible de la terre, pour le défier et qu'on ne pût contester son courage ni sa force au moins, si on lui refusait l'intelligence et le charme, voilà qu'il rencontre un éphèbe pâle et sans muscles, qui d'avance l'a réduit.

��XVI

��Ce, soir cependant, Godichon paraît souffrir de sa défaite. Godeau lui a dit un mot trop dur. Véronique ni Eliane ne l'ont pas regardé avec leur pitié habituelle. Parce qu'il a soulevé un peu trop haut vers ses lèvres le pied de Prisca, pour le baiser. Madame Pincengrain l'a menacé d'emmener ses filles et de se retirer de lui.

Godichon se met à parler très vite entre les trois femmes assises et devant Godeau, pontife étonné. 11 expose un doute particulier, violent et subit qu'il éprouve. Godeau s'emporte, rétorque, objecte à son tour, convainc ces dames. Godichon se rabat sur l'esprit du christianisme où il découvre la haine de la vie. Il pa^le de l'hypocrisie de tous les chrétiens. Alors, Godeau veut se croire blessé. Il se lève. Il gagne la porte. Ces dames Pincengrain le poursuivent. Eliane a pris une basque de son habit. Prisca s'agenouille. Véronique l'accompagne jusque dans la rue, tandis que Madame Mère a fixé sur Godichon le regard le plus dur qu'elle eut jamais, — immobile, sans parole, ses bras en croix.

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