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540 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

mère. Leurs mains et leur visage luisent et s'insinuent au-devant de leur regard qui reluit davantage et vous a percés.

On a malgré ses cinquante ans des coquetteries de vierge. On entre toujours pour le principe et par tradi- tion en rivalité avec toutes les femmes de la terre, même avec sa propre fille.

Il faut que Monsieur le Curé puisse dire de Maman Lecœur qu'elle est très distinguée et que son gendre le pense toujours.

« Il faut parer le personnage qu'on doit faire, pour- suit Maman Lecœur en s'adressant à sa fille directement, — jouer avec une espèce de génie, un peu de malice et beaucoup d'amour son petit rôle, — s'habituer à la bonne ruse comme aux pires roueries sentimentales, — paraître toujours belle et plus désirable, — être trois fois femme pour rester la femme de quelqu'un toute sa vie. C'est ce que je dis souvent à Clorinde.

— Pourquoi dites-vous cela à Clorinde ? » inter- rompt Monsieur Pincengrain, qui n'approuve pas encore tout à fait sa belle-mère.

��II

��Le soir, Madame et Monsieur Pincengrain sont assis <ie chaque côté de la cheminée dans la grande arrière- boutique de leur épicerie. Madame Pincengrain tient petit Kobert sur ses genoux. Monsieur Pincengrain petite Véronique. Les anges dorment. A l'écart jouent Jeux diablotins qu'on aime à peine.

— « Quelle créature extraordinaire est notre Véro-

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