Page:NRF 15.djvu/480

Cette page n’a pas encore été corrigée

474 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

anglicismes, de fabrication française, (Jooliug, rallyc-papcr, recordman, etc.) que M. E. BonnafFé signale. Ces derniers ont disparu ou disparaîtront parce que la langue anglaise est mieux connue en France qu'elle ne l'était il y a vingt-cinq et trente ans. Déjà des enseignes en pseudo-anglais, comme « Modem'... (bar, restaurant, etc.) », qu'on voyait dans le quartier de l'Opéra, ne se rencontrent plus que dans les faur bourgs. De même l'étonnant génitif du prénom devant le nom (a Arthur's Dupont ») et tous les abus de 1' «'s », qui paraît avoir exercé une véritable fascination sur les commer- çants parisiens, — le peuple y a vu, peut-être, une forme d'abréviation pleine de désinvolture et d'audace. Elle a dis- paru aussi, cette inscription qu'on a pu voir pendant des années, en lettres d'or, à la devanture d'un grand magasin de fourrures de la rue Saint-Honoré : Furs taken care off (sic) ; et on chercherait en vain aux devantures des crémeries ceFive o'clock à toute heure qu'une femme d'esprit nous affirme avoir vu il y a quelques années. Un plus grand nombre de Fran- çais savent l'anglais : par suite il est moins « chic » de savoir l'anglais ; et ils le savent mieux : par suite ils sont revenus de l'enthousiasme et de l'admiration qu'éprouvent tous les commençants, et, les mots leur étant mieux connus, plus familiers, ils les respectent moins, et leur préfèrent leurs équivalents français. La plupart de ces locutions soit-disant « high-life » appartiennent donc au domaine de la mode, et ne sont pas destinées à rester dans le langage, parlé ou écrit, et peut-être M. E. Bonnaffé aurait-il bien fait en les excluant de son dictionnaire, ou en les y faisant figurer en caractères plus petits que ceux dans lesquels ont été impri- més les anglicismes durables, c'est-à-dire : ceux dont l'usage est fréquent dans toutes les classes de la société et dont l'in- troduction remonte à cinquante ans au moins. Il est vrai qu'alors son dictionnaire, au lieu d'avoir près de deux cents pages, n'en aurait eu peut-être que cent cinquante. E!n tout

�� �