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302 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Fournier et sur le carton elle écrivit : « De Queenie Crosland. Un cadciiu d'adieu. »

— Non, Reggie, c'est moi qui dois payer.

Elle sourit : elle n'y avait pas s'bngé, d'abord : le cadeau était vraiment bien choisi.

Un train du dimanche les mena calmement à Ken- ston, petite ville située au sud de Bristol et au fond de l'estuaire de la Severn. La résidence des Harding était à l'intérieur du comté, et Reginald avait préféré louer Tine villa dans un coin tranquille au bord de la mer, pour y passer Tété avec sa femme.

— Il y avait si longtemps que je n'avais pas v.u la campagne 1 » disait Queenie sans cesse penchée à la portière du compartiment où ils étaient seuls... Oh, les petites gares de brique et de bois, si propres, avec des plates-bandes fleuries sur les quais, — quelquefois le joli nom de la station écrit avec des Heurs dans le gazon bien tondu. La douce abondance des prairies et des arbres dans une brume bknie, avec les bœufs et les moutons -couchés à l'ombre, et les villes « déguisées en vilkiges », — la campagne anglaise en été, la grande bergerie de luxe, le Petit-Trianon des nations.

— Oh ma chère, cela n'est rien en comparaison du Somerset, » et Reginald se mit à faire l'éloge de sa province natale avec une tendresse et une partialité qui amusèrent d'autant plus sa femme qu'elle savait qu'ils n'y feraient jamais de longs séjours. Le Devonshire, avec ses landes et ses collines ensoleillées, était un pays surfait, « un pays de laitières et de filles de pécheurs ». Le Somerset, voilà le doux pays saxon, une teiTe tou-

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