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298 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE:

remises pour l'achat de son trousseau et cks bijoux. Elle- n'avait pas encore épuisé la joie qu'elle éprouvait à entrer délibérément dans un magasin de Bond Street, à. choisir les objets qu'elle désirait, à donner son adresse, à remplir un chèque et à le signer : Queenie Harding.

Comme Londres était belle et trépidante de toute la pulsation de la planète, cette Saison-h'i 1 Vraiment Londres, cet été, vous montait à la tête comme un vin nouveau. Pourtant ce n'était pas la grande cohue de l'année du dernier couronnement ; mais c'était mieux, car bien qu^on se trouvât au cœur du monde et au milieu du rendez-vous des nations, les habitants et les habitués delà ville avaient l'impression de se sentir entre eux^ Oh, c'était à ne rien faire que flâiier du matin au soir, à se perdre dans les foules, à se gaver de luxe et de plaisir. Et par moment il semblait que la vie matérielle était enfin devenue digne de l'esprit, et pouvait le- satisfaire.

C'était aussi l'époque des premiers rag-times, de « Hitchy-Koo » et de la « fureur du nu ». Aux devantures des boutiques luxueuses, dans les journaux illustrés, partout, le regard tombait sur des photographies de baigneuses et de plages jonchées de nudités féminines ;, si bien que l'homme que ses occupations ou son plaisir retenaient dans l'atmosphère de bains turcs de la ville, s'imaginait les côtes de la Grande-Bretagne telles que durent apparaître auK yeux de Télémaque les rivages de l'ile de Calypso : un miUion de nymphes debout ou. couchées sur les grèves ; un million de néréides jouant avec les vagues, — la femme et la mer partout en présence,, mêlées l'une à l'autre, les chevelures au vent du large et

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