Page:NRF 15.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
shakespeare : antoine et cléopatre
23

Lépide. — Adieu, Seigneur. Ce qu'entre temps vous pourriez apprendre en fait de mouvement du dehors, vous m'obligeriez en m'en faisant part.

César. — N'en doutez pas, Monsieur, je connais mon devoir.


SCÈNE II
Messine. — La maison de Pompée.
POMPÉE, MÉNÉCRATE et MÉNAS.

Pompée. — Si les puissants dieux ont souci de la justice, les hommes justes doivent compter sur leur appui.

Ménécrate. — Croyez bien, valeureux Pompée, que ceci qu'ils vous font attendre, ils ne vous le refusent pourtant pas.

Pompée. — Tandis que nous sollicitons devant leur trône, la cause languit, pour quoi nous les sollicitons.

Ménécrate. — Mais nous, dans l'ignorance de nous-mêmes, nous demandons souvent ce qui nous nuit, et que pour notre bien la sagesse des dieux nous refuse. Ainsi nous profitons à ne pas être exaucés.

Pompée. — Je dois réussir : le peuple m'aime et la mer est à moi. Ma puissance est à son aurore et de tout mon espoir j'en pressens bientôt le midi. Marc Antoine est à table, et ne quittera pas l'Egypte pour guerroyer. César fait sa fortune en ruinant son crédit. Lépide flatte l'un et l'autre et se laisse flatter par tous deux ; mais il n'aime ni l'un ni l'autre et l'un ni l'autre n'a souci de lui.

Ménécrate. — César et Lépide se sont mis en campagne à la tête d'une importante armée.