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^^4 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ressemblait à un panier plein de roses. Là sous une douce lumiùre, assis dans des fauteuils bas, ils eurent l'impression d'être dans l'intimité d'un chez-soi tran- quille et luxueux.

— Puisque vous avez presque tout dépensé, et que vous manquez certainement de beaucoup de choses encore, voici ce que j'ai préparé pour vous, c'est mon cadeau d'adieu, et qui sait quand nous nous reverrons.

^ — Un chèque de quarante livres ! Cela n'a de valeur, n'est-ce pas, que pour moi, et si je le signe ?

— Oui, naturellement.

— Voilà je ne sais combien de fois que vous dites « Oui, naturellement » ce soir. Je veux bien accepter la machine, comme cadeau d'adieu. Mais cela, non, » dit- elle en déchirant le chèque, lentement, en tous petits morceaux qu'elle jeta sur le foyer incandescent. « J'es- père, » ajouta-t-elle en regardant Marc d'un air de défi « que vous n'êtes pas froissé, M. Fournier ? »

A partir de ce moment, elle parut nerveuse et dit à Marc, sans avoir l'air de le faire exprès, tout ce qu'elle put trouver de plus désagréable. Par exemple elle lui apprit que sa propriétaire de Harlesden était absente le soir où il était venu chez elle : « Et c'est heureux, » ajouta-t-elle, « qu'elle ne vous ait pas vu. » Puis, elle trouva le thé mauvais, et demanda plusieurs fois quelle heure il était. A un moment elle lui dit d'un ton sarcas- tique : « Je pensais que vous vous seriez marié là-bas > » et_ sans attendre sa réponse elle voulut partir, et une fois dehors, elle dit que ce n'était pas la peine qu'ils allassent chez Marc prendre la machine à écrire. Il pourrait la lui faire porter le lendemain, ou bien elle-

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