Page:NRF 15.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
la nouvelle revue française

Pompée. — Plus tard. — Encore une santé pour Lépide.

Lépide. — Qu'est-ce au juste que votre crocodile.

Antoine. — C'est un animal, Monsieur, qui se ressemble étrangement à lui-même. Il est de longueur égale à la sienne ; et j'en dirai autant de sa largeur. Il se meut en se déplaçant. Il se nourrit de ce qui l'alimente, et ne quitte la vie qu'en mourant.

Lépide. — De quelle couleur est-il ?

Antoine. — De couleur crocodile, exactement.

Lépide. — Bah ! quel étrange animal !

Antoine. — N'est-il pas vrai ?

Lépide. — On m'a raconté qu'il pleurait.

Antoine. — C'est-à-dire, plus précisément, qu'il verse des larmes.

Octave. — Si votre description le satisfait !...

Antoine. — Oui, grâce aux santés qu'on lui porte, ou c'est qu'il est bien difficile.

Pompée (à Menas). — Encore ? Va te faire pendre. Hein ? Qu'est-ce que tu veux ? Va-t'en. Eh bien ! cette coupe ?

Ménas (à part). — Au nom de mes services, daignez m'entendre. Levez-vous. Venez.

Pompée. — Es-tu fou ? (il se lève) Allons ! parle.

Ménas. — Je me suis toujours découvert devant votre fortune.

Pompée. — Oui, tu m'as fidèlement servi. Qu'est-ce à dire ? Trinquez sans moi, Messieurs.

Antoine. — Gare aux écueils, Lépide. Vous chavirez.

Ménas (à Pompée). — Voulez-vous posséder l'univers ?

Pompée. — Que prétends-tu ?