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164 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISF

Et si mon vin cette année à tes lèvres n'est pas doux et si mes pauvres roses ne sont pas enivrantes,

Si mes prairies pour arrêter ton pied ne sont pas épaisses et cette grande paix au soir que d'autres trou- vent suffisante,

Si ce n'est pas vrai que je suis ton Verger Royal, er qu'en vain je verse et donne

A ce maître qui est mon époux tout ce qu'il y a en moi de promesse et d'automne

Dans la joie et l'amour de mon cœur et dans cette grande inclination sur le côté.

Si mes fleuves n'ont pas de murmure pour toi auprès de l'avare filet de Siloé,

Cependant il y a des pauvres chez moi aussi, il y a des veuves et des orphelins,

Le loup ne manque point au juge, ni le malade au médecin,

Qui lui ouvre sa plaie et son âme et ses yeux avec une foi candide !

Père, sens cet enfant dans tes bras qui t'embrasse à grosses lèvres humides !

Et qui viendra, quand les trois lys de Louis auront disparu sur la mé.

Charger sur ses épaules la brebis perdue avec sa patte cassée ? »

— Dieu est charité, et puisqu'il aime ses créatures, pourquoi ne les aimerions-nous pas comme lui ?

Ce n'est pas cette espèce de bienveillance générale, c'est le mot amour qui est écrit.

Et nous de même, cet amour, est-ce qu'il ne servira

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