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NOTES 145

Ricardo Gùiraldes est un des premiers, et peut-être le pre- mier, parmi les poètes de la plus récente génération litté- raire de la République Argentine. Après un recueil de nouvelles très remarquables, il a donné un recueil de poèmes, El Ceticerro de Cristal (Buenos- Ayres, 191e), qui doit être cher à tous ceux qui aiment à voir ce que devient, sous l'influence des grands maîtres français de la génération qui nous a précédés, la poésie de langue castil- lane. Mais dans El Ccncerro de Cristal, il y a mieux que des influences ; il y a une personnalité nettement marquée. Il faut citer, et citer dans la langue originale, car c'est une espèce de poésie si délicate, et qui tire tant d'efl"ets des sons, que sa beauté risque de s'effacer sous les gros doigts du traducteur. Voici un poème, de 1914, intitulé

Qnietud :

Tarde, tarde,

Cae la tarde.

Larga, larga,

Se aletarga

En derrumbc silencioso

Como mirada en un pozo.

Mais je vais essayer de traduire le poème intitulé Voyager :

« Assimiler des horizons. Qu'importe que la Terre soit ronde ou plane ?

S'imaginer comme désagrégé dans Y atmosphère qui enveloppe toute chose. Créer des visions de lieux à venir et savoir que toujours ils seront lointains, hors de notre atteinte, comme tout idéal.

Fuir ce qui est vieux.

Regarder le fil, qui coupe une eau écumeusc et lourde.

S'arracher à ce qui est connu.

Boire ce qui vient.

Avoir une âme de proue. »

Vais-je parler de Rimbaud (« Départ dans l'affection et

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