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NOTES 143

nous souhaiterions aussi une étude sur le même sujet par quelqu'un qui connaît à fond la littérature française et la lit- térature espagnole ; quelqu'un qui est le premier d'entre les critiques espagnols contemporains : nous avons nommé D. Enrique Diez-Ginedo.

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��Je crois que c'est Matthew Arnold qui a dit qu'une des caractéristiques de l'homme de génie était « une vie extraor- dinaire ». Je me souviens aussi qu'un des plus célèbres romanciers anglais contemporains m'a dit un jour : « L'ar- tiste doit s'amuser. » 11 semble bien que ce que nous appe- lons la vie de bohème a dû exister depuis que l'art existe. Elle a dû exister à Athènes, et nous l'entrevoyons dans l'en- tourage de Citulle, d'Horace et des grands Elégiaques latins. Et elle existe encore, après Murger. Mais elle a change de forme. Les bohèmes de l'époque romantique étaient des pro- vinciaux réfugiés à Paris, qui était pour eux une sorte de jungle dans laquelle ils s'ébattaient librement, heureux d'avoir échappé à la surTcillance malintentionnée et aux cri- tiques des grotesques notables de leur petite ville. Notre moderne bohème est un personnage tout différent, et les grandes capitales sont plutôt pour lui des centres d'études que des lieux de plaisir. En y rentrant, il se dit : « Atten- tion : de la tenue. » C'est en dehors de Paris, de Londres, de Madrid, etc., qu'il prend ses ébats et se lâche la bride. Notre bohème est une bohème cosmopolite et voyageuse, et le tv'pe du bohème contemporain est en apparence ceci : un homme très correctement et même élégamment vêtu, de tout point semblable à n'importe quel homme du monde. Du reste, il a plus d'argent que les bohèmes de Murger, ou, s'il n'en a pas plus, il s'arrange pour aller aussi loin que possible avec des moyens restreints. Ne faisant en réalité parti d'aucun

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