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112 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

artistiques et politiques. La comparaison instituée par M- Seillière entre deux civilisations aussi avancées sur des voies divergentes, aussi opposées que celles des Japonais et des Français, — comparaison que facilitent les enquêtes de Hearn et de Beilessort — peut être regardée comme un excellent procédé de travail. Un Institut français doit se fonder bientôt à Tokio : on pourrait lui proposer comme un butin enviable des analyses de ce genre. Les Japonais ont encore mal compris que le livre où la majorité des lecteurs français croit prendre l'idée la plus vraie du Japon soit cette fantaisie de marin en bordée (très jolie d'ailleurs et dont les descriptions, celles surtout des premières pages, restent pour un lettré français inoubliables) et ce monument d'ignorance qu'est Madame Chrysanthème. Les gens compé- tents sont d'accord pour déclarer qu'aucun livre ne contribue davantage à nous faire mépriser par les Japonais, à nous rendre plus petits pour eux, plus Baudar-Log que ce roman qui veut les faire eux-mêmes petits et simiesques.

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��Nous touchons ici au second sujet de M. Seillière. Madame Chrysanthème fait partie d'une longue série de romans (très inégaux, mélange de chefs-d'œuvre et de rapso- dies puériles) dont l'auteur — et ce fut une des raisons de son succès — d'une sensibilité très fine et toute féminisée, est devenu la figure centrale d'une sorte de féminisme plané- taire. (Les Désenchantées si terriblement ennuyeuses sont à ce point de vue typiques). Mais cela nous a paru tellement naturel, cela comportait tellement d'antécédents et de sympathies dans le roman français antérieur, tout au moins depuis Rousseau, que ce féminisme a semblé à beaucoup de lecteurs comme l'atmosphère et l'air respirable du roman, du genre roman. Notons que le roman planétaire s'appelait en Angleterre Kipling

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