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BEAUTÉ, MON BEAU SOUCI lOJ

les peintres et les sculpteurs l'avaient trompé : rien ne lui avait fait prévoir que les seins, au début de leur crois- sance, eussent cette forme allongée et grêle, avec ces trop longues pointes roses qui lui rappelèrent certaines fleurs des prairies qui poussent d'abord une mince tige mauve, et blanche à sa base, hors de terre. II éprouva un senti- ment de pitié et presque de répugnance. Mais elle ne songeait pas à se recouvrir, et quand le regard de Marc rencontra le sien, elle sourit naïvement en écartant, de main libre, une longue mèche claire qui la gênait pour voir.

— Eh bien, adieu, Marc ; j'ai sommeil et je vais me coucher. Restez où vous êtes, j'ai quelque chose de sérieux à vous dire. Si vous approchez j'appelle et je réveille les voisins. Et cela m'est égal, que mère apprenne alors que je suis entrée ici. Comment avez-vous pu croire qu'elle m'avait envoyée ? Je vous demande seulement de ne pas lui dire que je suis venue. Et la preuve que je suis venue de ma propre volonté, commevous dites, c'est que j'avais enlevé la clef de cette porte, — de peur que vous ne m'en- fermiez avec vous quand je viendrais, — une heure avant que vous ne rentriez. Voyons, conduisez-vous bien, Monsieur ! Seulement, comme nous allons nous quitter pour toujours, vous pouvez m'embrasser, si vous voulez. Jusqu'à ce que je dise : Assez. Mais quand j'aurai dit assez, si vous continuez, je sors en criant dans le corridor et il y a un agent au coin de la rue. Comme cela... Jusqu'à ce que je dise : Assez... Comme cela. Non !... Jusqu'à ce que je dise : Assez... Jusqu'à... Main- tenant assez ! et adieu, mon cher ; bonne nuit, mon cher.

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