930 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
une attitude sans élégance et sans bonne foi. Les artistes n'ont plus le droit de faire fi du public parce que le public ne veut pas s'éloigner d'eux. La vraie culture devenant chose très rare, l'esprit « d'avant-garde » devient de plus en plus la forme agissante de l'ignorance moyenne. Mais le public demeure le public, c'est-à-dire un être collectif qu'on ne sau- rait intéresser longtemps à des œuvres trop confidentielles. Les peintres qui se flattaient naguère de fuir le sujet comm« la peste ont pu s'en convaincre et nous allons voir prospérer aux Indépendants tous les genres de peinture qui florissaient aux Artistes français : peinture d'histoire, peinture de genre, portraits c ressemblants », etc..
Est-ce à dire que les salons à médailles n'ont plus de raison d'être. Bien au contraire. Leur rôle est double. D'une part l'exhibition de tableaux ridicules signés par des personnages quasi officiels entretient dans le public l'esprit de gronde et de sarcasme qui sans cela s'exercerait aux dépens des nova- teurs. D'autre part certains exposants de ces salons prennent à tâche de vulgariser et d'adapter l'art des maîtres véritables. Cette année M. Pierre obtint un grand succès grâce à un tableau qui donnait l'impression d'un Renoir pour calen- drier-prime. Qui sait si l'on ne verra pas bientôt aux Artistes français les Casimir Delavigne du cubisme ?
ROGER ALLARD.
- *
LA FOLIE-ALMAYER ET LES AVENTURIERS DANS LA LITTÉRATURE.
Il est évident que les romans d'aventures se divisent en deux sortes : le roman d'ayentures imaginaires et le roman d'aventures vécues. On peut obtenir également un troisième genre en mêlant avec goût les deux premiers. C'est le roman d'aventures à la manière des Mémoires d'Arthur Gordon Pym.
Et pour écrire un roman d'aventures il faut deux types
�� �
