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NOTES 923

vons nous empêcher de noter à ce propos que toutes les fois qu'on se trouve entre un romantique et un classique, on peut demander à ce dernier les ressources qu'offre le pre- mier, tout en obtenant par surcroît mille présents singuliers. Veut-on trouver dans Raphaël la force et le mouvement? Il nous propose les actives musculatures de « l'Incendie du Borgo », de la « Bataille d'Ostie », de la « Con\^rsion de Saint- Paul », et de bien d'autres fresques animées. Mais désire-t-on un plus tendre spectacle ? Aussitôt surgissent, dans les attitudes les plus variées, des figures d'une grâce qui ne fut jamais dépassée.

Ingres, qu'une récente consultation d'artistes et d'hommes de goût ' vient de doter de près du double de voix que son ancien rival Delacroix, fut supérieur à celui-ci — et dès lors, plus longtemps méconnu — pour avoir su choisir, parmi les maîtres, celui qui pouvait le mieux tempérer sa fougue méri- dionale. Nous tous qui avons si souvent et si vainement gesticulé, pinceaux en main, nous apprendrons peut-être la décence et la véritable force si nous savons, héritant de la sagesse du peintre de l'Odalisque, demander à Raphaël les secrets de la beauté expressive.

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��L'histoire de l'activité artistique peut être divisée schéma- tiquement en deux grands courants qui successivement entraînent les artistes, soit vers une représentation spirituelle de la nature, soit vers sa représentation textuelle. Les Egyp- tiens, les Grecs jusqu'à Phidias constituent dans la catégorie des spiritualistes nos références les plus hautes, et, parmi les peintres, ceux dits primitifs. Ceux-ci, qu'ils soient du Nord

1. Une tribune française au Louvre, enquête par J.-L. Vaudoyer dans ï Opinion.

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