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NOTES

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��ATHALIE, au Théâtre Sarah Bernhardt.

Etrange représentation pour laquelle le metteur en scène ne s'est guère mis en plus grande dépense d'artifice que ne- durent le faire les demoiselles de Saint-Cyr elles-mêmes. Costumes, choeurs, mouvements, tout était d'une pauvreté touchante. Et c'était fort bien ainsi, car le public ne venait pas pour assister à un gala, mais pour rendre un hommage respectueux et attendri à la vaillante femme qui, d'héroïne de théâtre, est en passe de devenir l'héroïne de l'art drama- tique. Mais ceux qui n'étaient venus que pour Madame Sarab Bernhardt eurent quelque chose de plus qu'ils n'avaient espéré : un aspect du rôle d'Athalie.

Je sais bien que beaucoup de personnes, sincèrement et spontanément, sentent les beautés de ce rôle. Mais je crois que, malgré des efforts non moins sincères, beaucoup d'honnêtes gens ne parviennent pas à se réchauffer devant cette pièce plus que devant une tragédie de Voltaire. On nous affirme que Zaïre laissait un souvenir inoubliable quand Sarah Bernhardt et Mounet-Suily, dans tout l'éclat de leur jeunesse, en jouaient les premiers rôles ; il faut le croire puisque, dans sa vieillesse, Sarah Bernhardt a su donner au songe d'Athalie et à l'interrogatoire du petit Eliacin une vie, une émotion qu'on ne pensait pas pouvoir y trouver. Au lieu de l'impératrice pseudo-romaine, dont on nous a ennuyés au. temps de nos classes, nous avons aperçu une vieille femme détraquée par le pouvoir absolu, à moitié ogresse et à moitié grand'mère, qui fût peut-être restée bonne femme si elle n'avait vu jeter sa mère par la fenêtre et si elle n'avait été entraînée dans cette féroce querelle de prêtres. Le talent de l'actrice emportait tellement le morceau que l'équilibre de la pièce en était tout chancelant et qu'on était assez peiné de:

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