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908 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

grand détail les capacités de paiement de TAllemagne, en or, valeurs, jnatières premières... (auxquelles l'Allemagne aurait dû, selon nous, être forcée d'ajouter l'annulation de sa dette intérieure de 240 millions de marks), tout en s'élevant contre l'omnipotence de la Commission des Réparations, mons- trueux organisme, à la fois juge et partie, dont il demande la fusion dans le sein de la Société des Nations. D'après lui, les Gouvernements de l'Entente ne tarderont pas à être forcés de réduire leurs prétentions vis-à-vis de l'Allemagne de 8 à 2 milliards de livres ; l'Allemagne ayant, en nature, déjà versé 500 millions, il ne lui resterait donc à payer qu'un milliard et demi de livres en 30 ans, sans intérêts, à partir de 1923.

Le chapitre qui décrit « L'Europe après le traité », d'un pessimisme puissant et contenu, est un de ceux qui ont fait la fortune de l'ouvrage. Après les voix autorisées d'outre- Atlantique, de M. Hoover (que l'auteur admire sans réti- cences) ou de M. Vanderlip, celle de M. Keynes vient faire entendre le glas d'un monde à qui la guerre a porté un coup fatal. Elle montre avec évidence l'abîme proche, inévitable si Ton se refuse aux mesures radicales. Ici, l'on quitte Paris et la Conférence pour s'élever à une vue d'ensemble de l'état de l'Europe. Profitant de l'effet produit par ce sombre tableau, M. Keynes demande la révision du Traité, d'abord en ce qui concerne la fixation de la somme à payer par l'Allemagne ; une interview ministérielle anglaise récem- ment donnée à un périodique français prouve assez que ces idées sont partagées en haut lieu ^ Il sollicite ensuite l'élabo- ration de nouveaux arrangements franco-allemands et ger- mano-polonais en ce qui concerne le charbon et l'acier. Il préconise enfin la création d'une union libre-échangiste mondiale où l'Allemagne serait admise pour dix ans, et le

I . La conférence de San Remo et les entretiens de Hythe viennent de fixer sur ce point la thèse britannique.

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