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884 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de comparer ee vertige aux danses burlesques des clients du sabbat de la Croix-Cochard.

Si je n'avais été témoin de ces jeux, dans le carrefour piétiné, je ne me serais jamais permis cette comparaison un peu trop facile et d'un symbolisme vulgaire. Mais j'étais dans le cas du ' monsieur qui, baptisé par le Grand Bouc, répondait au nom compromettant de : Crâne de Ploum.

— Il faut, pensai-je, prendre résolument un parti. Cela ne peut durer. J'ai risqué — une fois de plus — la mort violente dans des circonstances qui n'auraient pu m'at- tirer, de la part de mes concitoyens, qu'une oraison funèbre et ironique. Je dois agir auprès du Maître, par l'intermédiaire de Jean Mullin ou de Léonard, afin qu'il me débarrasse au plus vite de ce sobriquet.

Je ne voulais rien demander à Katje, qui, malgré sa qua- lité de sorcière, me servait loyalement. Ce service une fois rendu, ma vie eût été intenable à la maison. C'est donc tout naturellement que je pris « la batelière » sur mes genoux pour lui annoncer ma résolution de revoir encore une fois dans leur élément le nègre vêtu de pourpre et le magis- telle à l'habit marron. Je comptais également sur la pré- sence de mes voisins de campagne. J'étais vis-à-vis de ces gens dans la situation d'un amateur fréquentant les ména- geries avec l'espoir de voiries lions dévorer le dompteur. Ce n'était pas très humain. Mais, à cette époque,- ce mot avait perdu une grande partie de son intérêt.

Nous partîmes, Katje et moi, pour le sabbat, selon le protocole établi et je me retrouvai assez loin de mon domi- cile, auprès d une croix, dans un carrefour, à proximité d'un étang, dont quelques oisifs dédiés au culte battaient

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