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LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN xMULLIN 867

je ne ressens pas les impressions que j'aurais pu im^iner, si, avant cette nuit, j'avais cru à la réalité de vos céré- monies.

— Je suis fâché que le spectacle de Satan parmi son peuple ne soit pas pour vous une révélation. Ce fait n'encourage guère nos efforts, mais tout de même j'en suis ravi, car — il baissa la voix — l'intelligence de nos clients bgisse de plus en plus.

— On peut dire, déclara le nègre en souriant, que nous ne réunissons guère que des imbéciles à qui l'amour de l'argent donne le pouvoir de faire des miracles ou d'en être les témoins.

— C'est ainsi, poursuivit Jean Mullin. Parmi les paysans fréquentant nos assemblées, sur les indications de nos rabatteurs, il en est que l'amour de l'or con- duisit au martjTe.

— Je n'en doute pas.

A ce moment le nègre Léonard fit un signe à un indi- vidu sournois et vêtu à l'ancienne mode des hommes de 1800. Ce n'était pas Robert Macaire dont il pouvait à la rigueur évoquer la personnalité. L'homme s'ap- procha de notre groupe.

— ... Que je vous présente, dit Jean Mullin, Monsieur Pierre Lepicard, un des fameux chauffeurs de la bande d'Eure-et-Loire.

— Que le rabouin vous esquinte ^ ! déclara le bourru : Voilà cent et quelques années que je sers le Grand Bouc et plus je suis mort^ plus c'est la même chose.

— Il ne faut pas prêter trop d'intérêt à la mauvaise

1 . Que le diable vous emporte !

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