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SDR UN « SYSTÈME DES BEAUX-ARTS » S6$

On peut îa juger excessive et ne pas consentir que Fart se ferme si complètement • aux passions troubles, aux visions vagues. En ce cas, sans vainc discussion, le mieux sera de procéder à la façon d'Alain lui-même : par Texamen d'oeuvres qu'on aime, on précisera quelles beautés sont attachées aux moyens que son goût rejette : drame plus violent ou comédie plus réaliste, prose plus rythmique ou plus- imagée, architecture plus ornée, peinture ou sculpture plus éprises de mouvement. Peut- être, sous son influence, y attachera-t-on moins de prix. Peut-être, au contraire, pour leur faire place, détendra- t-on des cadres trop rigides. Mais d'abord il est douteux qu'on puisse opposer système à système : toute ébauche un peu cohérente se disposerait, me semble-t-il, autour des mêmes lignes principales. Puis, les partis pris d'Alain ont un suffisant contrepoids dans les préjugés de notre époque aussi bien que dans les caprices du tempérament individuel ; quand il remonte la pente où nous glissons, on n'a sûrement pas à craindre de le voir trop docilement suivi. Au reste, demandons-nous quelle sorte d'influence une telle œuvre a chance d'exercer : un débutant n'y trouvera point de sens. Chacun doit faire ses écoles ; nulles « réflexions préliminaires » ne les lui peuvent épargner ; et une série de tâtonnements timides ensei- gnerait moins qu'une erreur résolue. Mais, dans l'art comme dans la vie, l'erreur n'instruit pas toujours : car elle engage, elle entraîne ; une obstination naissante détourne de rentrer en soi-même et d'approfondir les causes d'un malaise obscurément senti ; de plus, toute critique du dehors irrite, par cette part d'injustice qu'elle mêle au plus utile avertissement. Alors une pensée tran-

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