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SUR UN « SYSTÈME DES BEAUX-ARTS )) 85 1

n'y a rien à chercher ni à deviner. Même sans intention de tromper, tout trompe dans le visage humain, par des signes d'un moment qui n'ont point de support ; et les figures trop expressives n'expriment rien, parce qu'elles nous engagent dans une recherche sans fin. — D'autre part, « notre pouvoir d'évoquer les objets absents ne va pas aussi loin qu'on le dit, ni qu'on le croit. Sans doute, à chaque moment — surtout dans les émotions vives, — l'action des objets extérieurs sur nos sens, l'état de nos organes, le tressaillement de nos muscles, nous fournis- sent des sensations auxquelles notre attente, ausàitôt, prête un sens. De là des perceptions fausses qui, comme les perceptions vraies, ne sont pas données simplement, mais toujours supposées et pensées. Ainsi la croyance peut être très forte, même si le pouvoir d'évoquer est tâtonnant et incertain. Ce qui se produit en nous n'est pas tant une représentation qu'un jugement trompeur, appuyé sur les émotions, cherchant d'après cela les images et les attendant, souvent en vain. « Le juge- ment, l'émotion, le geste, le départ du corps font toute la vision sans doute » ; aussi le visionnaire, qui dit qu'il voit le plus, est-il celui qui voit le moins. Dans les rêves et la rêverie libre, l'imagination nous jette d'une esquisse à l'autre ; son jeu, tant que rien du dehors ne le sou- tient, est « selon l'occasion, emporté ou instable, aussi riche de mouvements que pauvre d'objets, toujours ambigu » ; même la vue des choses ne suffit pas encore à délivrer un spectateur passif de cette agitation stérile qui est la cause ordinaire de l'ennui.

Et voici les conséquences : D'abord, nous mesurons l'importance des coutumes et des rites par où la société

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