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830 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Mertoun. — Ce n'est pas pour moi que je vous adjure de m'écouter, mais pour vous — et encore plus pour elle !

Tresham. — Ha ! Ha ! je ne connaissais pas . encore l'espèce d'homme que vous êtes ! Un mécréant comme vous, comment le met-on en colère ? — Un coup ? cela l'enorgueillit, je pense ! On l'éperonne, n'est-ce-pas ? ou bien on lui met le pied sur la bouche ? Ou bien on lui crache à la figure ? Lequel des trois ? Ou tous les trois ?

Mertoun. — Entre lui, ^moi et Mildred, que Dieu soit juge ! Puis-je éviter ceci ? Ayez-moi donc. Monsei- gneur !

{Il tire, et après quelques passes, tombe.)

Tresham. — Vous n'êtes pas blessé ?

Mertoun. — Vous m'écouterez maintenant!

Tresham. — Mais levez- vous !

Mertoun. — Ah ! Tresham ! ne vous ai- je pas dit : « Vous m'écouterez maintenant » ? Qu'est-ce qui procure à un homme le droit de parler à son semblable pour sa défense, sinon, je suppose, la pensée que tout à l'heure il va avoir à se justifier devant Dieu ?

Tresham. — Blessé ? Ce n'est pas possible ! Vous n'avez fait aucun effort pour me résister. Où mon épée vous a-t-elle atteint ? Pourquoi ne ripostiez-vous pas à mes attaques ? Où souffrez-vous ?

Mertoun. — Monseigneur...

Tresham. — Qu'il est jeune !

Mertoun. — Lord Tresham, je suis très jeune, et cependant j'ai emmêlé d'autres vies à la mienne. Laissez- moi parler, et croyez à ma parole, puisque je vais mourir devant vous à l'heure même...

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