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UNE TACHE AU BLASON 805

sence de tous, le complice de mon coupable amour, avec un front qui s'efforce de paraître un front de jeune fille, avec des lèvres qui font croire qu'en vous répon- dant, tremblantes, c'est le plus proche contact qu'elles ont eu avec les lèvres d'un étranger... Henry, les vôtres, des lèvres d'étranger ! — avec une joue qui a l'air d'une joue virginale, et qui est... ah ! Dieu ! quelque prodige de toi arrêtera cette infamie délibérée ! Quelque horrible tache de lèpre marquera le front qui dissimule 1 — Je ne murmurerai pas de suaves paroles apprises par cœur, mais, délirant, je raconterai notre histoire mau- dite — l'amour, la honte, et le désespoir — et eux, ils seront là autour de moi effarés, comme des hommes autour d'une fontaine enchantée qui devrait verser de

l'eau et qui donne du sang ! Je ne Henry, vous ne

voulez pas que j'attire la vengeance de Dieu ? Je ne puis pas affecter une grâce qui n'est plus mienne, — qui est partie de moi et partie pour toujours !

Mertoun. — Mildred ! mon honneur est le vôtre. Je partagerai avec vous la honte que seul je ne saurais subir. Un mot informera votre frère que je rétracte ma demande de ce matin. Le temps fera surgir quelque moyen de nous sauver tous deux.

Mildred. — Non. J'affronterai leurs faces, Henry !

Mertoun. — Quand ? Demain ? Il faut en finir au plus vite.

Mildred. — Oh ! Henry ! pas demain ! Le jour d'après. Je ne saurais si tôt préparer mes mots et mon attitude. Comme vous devez me mépriser !

Mertoun. — Mildred, brisez, si vous le voulez, un cœur que l'amour de vous a soulevé, — soulève encore.

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