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796 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

quelques mots. Elle n'a jamais connu les soins mater- nels. J'ai dû aussi lui servir de père. Je vois que sa beauté ne vous est pas étrangère. Ce que vous ne pouvez pas savoir^ c'est son cœur bon et tendre^ sa confiance d'enfant et sa constance de femme, combien elle est pure et pourtant passionnée, calme et sensible, grave et joyeuse, décente et libre, si dévouée aux amis, instruite de tout ce que le monde prise le plus, cependant la plus simple, la plus... n'importe qui pourrait deviner que je parle de Lady Mildred. Nous, ses frères, ne parlons pas d'elle autrement !

Mertoun. — Je vous remercie.

Tresham. — En un mot, certes il ne s'agit pas de lui rien imposer : mais son désir de me plaire est tel qu'il excède, dans sa subtilité, ma faculté de plaisir ; elle crée le désir qu'elle entend satisfaire. Or, mon cœur accom- pagne votre hommage comme s'il était sien. Puis-je en dire plus ?

Mertoun. — Rien ! Oh ! merci ! Rien de plus !

Tresham. — Et maintenant que ce sujet est clos...

Mertoun. — Non. Pas une parole sur quoi que ce soit de moins précieux qu'elle. Je ne pourrais plus maintenant songer qu'à une chose : je suis sous le toit qui l'abrite... mon esprit serait loin de ce que vous diriez et je ne le veux pas. Souffrez donc que je prenne congé.

Tresham. — Avec moins de regret, puisque, bientôt, j'espère, nous nous verrons encore.

Mertoun. — Vous et moi ? de nouveau ? Ah ! oui, pardonnez-moi. Quand voudrez-vous mettre le comble à vos bontés en m'apprenant quel jour — si elle accorde

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