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774 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

��Tout Tesprit d'Apollon et cette ardeur divine Qui n'était que lumière et que frémissement, Quand nous prenions la lyre au pied de la colline Que le Tarn dans son cours baigne secrètement!...

Le bruit des chariots sur la route poudreuse, Au crépuscule lent, sous les matins jaillis : La vigne et la prairie, et cette ombre joueuse Qui tournait au soleil dans les jeunes taillis!...

L'orageux Orion guidait nos belles courses.

Pan -onflait notre cœur, et nous avions bien su

Donner des noms jolis à ces petites sources,

Qui filtraient doucement au creux d'un roc moussu.

��Raymond de la Tailhède joint à son hommage trois lettres de Théo- dore de Banville et de Stéphane Mallarmé (La Renaissance^ 20 mars). André Rouveyre écrit au Mercure de France (P avril):

D'un mot je voudrais désigner sa manière publique : il avait l'air d'une apostrophe.

Maurice Barrés avait donné à la Revive critique des idées et des livres ce souvenir :

C'était un exilé! J'ajoute sans y insister que j'ai connu un Moréas amoureux et prince charmant. Je me rappelle les temps lointains et recouverts déjà par la brum^ où, boulevard Saint-Marcel, dans le vaste appartement à peine meublé d'une maison neuve, il reçut une belle étrangère qu'il ne devait plus revoir. Son chagrin fut un des éléments de son art, et la passante voilée respire à toutes les pages de son œuvre.

L'on aimera, de Tristan Klingsor, un hommage plus léger, non moins tendre {Ecrits Nouveaux, Avril) :

Au temps où Moréas montrait son nez

Et sa moustache

Dans les cafés du Montparnasse,

Le vieux cheval de fiacre

Etait de roses couronné,

Au temps de Moréas.

Monsieur Lintilhac

D'ire protestait :

« Qu'on harnache

D'^un vil cuir

Cette carcasse

De baudet! »

Sur quoi, tous de rire.

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