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740 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et si l'Œuvre des Athlètes est tout cela, il y faut voir non une maladresse mais une coquetterie de l'auteur. Voulant s'essayer à la comédie, il lui a plu de couvrir tout le clavier et de tirer tous les registres. Que l'on songe à la merveilleuse difficulté de l'entreprise, et l'on s'étonnera qu'elle ait réussi à ce point.

Les critiques, au moins, devraient à leurs éloges joindre l'expres- sion d'une vraie gratitude pour Duhamel. Car s'il est une pièce qui appelle la dissertation et la rende aisée, c'est bien la sienne. J'aper- çois une bonne vingtaine d'articles, de sujet précis et de portée générale, qu'on y pourrait accrocher sans abus ni divagation. Comme mon amitié pour Duhamel ne me donne tout de même pas la force de les écrire, et puisque M. Faguet n'est plus, je me contenterai d'indiquer quelques titres, que l'imagination de mes lecteurs n'aura point de peine à faire suivre chacun d'une demi-douzaine de pages «rudites et substantielles : Le comique spécifique ou comique pur ; Pourquoi rions-nous au théâtre ? D'une différence fondamentale entre la farce et le vaudeville ; Y a~t-il un comique proprement moliéresque ? haut-il parler de comique classique en général ou plus étroitement d'un ■comique Louis XI y? Dans quelle mesure Molière «, transposait-il y> ? La comédie bourgeoise au XIX' siècle; Qu'est-ce qu'une tradition comique?

Mais je m'aperçois que j'en suis bientôt à dix, et que je n'en ai point encore fini avec une première famille de questions. Songez <}ue le seul mot de comédie de caractère va faire lever du sol une nuée de problèmes. Et le style comique?

Je sais bien qu'on peut chercher à Duhamel une querelle plus circonscrite. Sans avoir la superstition des genres tranchés, n'est-il pas nécessaire de déterminer avec beaucoup de soin le moment oii une heureuse variété de ton risque de devenir une juxtaposition de genres ? J'avoue par exemple que certaines scènes émues, d'une nuance quasi dramatique et d'une vibration sentimentale, succédant à de vigoureux morceaux de farce,, ont exigé de nous une gymnas- tique, un léger travail de rétablissement, salubre à coup sûr, mais inaccoutumé, et qui peut donner matière aux plus intéressantes discussions de technique ou même de psychologie.

A y réfléchir, je crois qu'il s'agit moins encore d'une question de principe que d'une affaire de mise au point. Avec une modestie que

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