Page:NRF 14.djvu/738

Cette page n’a pas encore été corrigée

732 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et collectionner les « déformations ». C'est à gauche, en effet que sévit, pour lui, le principal agent de déforma- tion, qui est la « coterie » littéraire. Et cela aussi nous le savions, et la psychologie delà coterie a été faite bien des fois. M. Truc n'a pas tort de rappeler les traits constants de la littérature de cénacle, qui tend toujours à juger l'art le moins possible du côté du genre commun et le plus possible du côté de la différence spécifique, ou, si l'on veut, cénaculaire. Mais enfin, dans la prati- que, le cénacle et la coterie sont d'excellents antidotes de la mode, et des laboratoires de renouvellement littéraire ! Si les cénacles parnassiens, naturalistes et symbolistes ont eu leur ridicule, ils ont porté leurs fruits, des fruits d'abord cultivés en serre chaude, et qu'aujourd'hui l'on retrouve acclimatés et gaillards, jusque sur les poiriers du chemin. M. Truc, qui est un homme courtois, et qui tient à faire en blessant le moins les personnes, la besogne critique que lui imposent ses convictions, prend ses exemples précis de « coterie » dans un passé un peu reculé, et ces exemples ne sont pas très heureux.

« C'est ainsi, dit-il, que la Revue Blanche a voulu imposer voici près d'un quart de siècle Alfred Jarry et Gustave Kahn parmi quelques autres, et donner cet humoriste minable et cet acrobate qui n'a écrit des vers lisibles que lorsqu'il lui est échappé de les faire réguliers pour des âmes de génie. »

La critique peut faire évidemment avec quelques suc- cès la psychologie de la coterie : ferait-on avec un succès moindre la psychologie de la croyance naïve à la coterie chez le critique ? La Revue Blanche, tout aussi bien que le Mercure, et les autres revues analogues, était libéra- lement ouverte, et il ne faut pas oublier que c'est dans ces revues que se fit en somme le passage insensible de notre littérature à un visage nouveau. Quanta l'élément de coterie il va de soi qu'il est inséparable de toute revue, et surtout que le mot de coterie est inséparable de l'idée

�� �