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femmes et les filles à se montrer ce qu’ils étaient, en réalité, au village, dans le huis clos de la famille, instantanément le viol, l’inceste et la sodomie prirent la direction des plaisirs dans ce carrefour immonde où les amis de Katje avaient installé la foire des sept péchés capitaux.

Je garderai le silence sur mon rôle dans cette partie de plaisir.

En somme, le sabbat me décevait et me donnait, dans son ensemble, l’impression d’un désordre semé d’archaïsmes puérils. Le diable ne m’émouvait guère. L’appareil de sa puissance tombait en désuétude. Quant aux sorciers et apprentis sorciers, je les connaissais, ayant vécu côte à côte avec eux pendant de longues années.

Je ne pouvais m’empêcher de craindre pour Satan, son honneur et sa malice, en le voyant entouré des gens de mon village dont la perfidie était insondable. Ah! ce n’était plus l’assemblée des braves sorcières du pays de Labour, chères à Monsieur Pierre de Lancre, mais des filles déformées, éhontées, criminelles à leurs moments perdus, que cinq années de guerre avaient réalisées comme des monstres parfaits.

— Le grand Bouc est fichu, pensai-je.

C’est à ce moment que le nègre et le Magistelle se dirigèrent vers moi, enjambant les couples. L’un d’eux marcha sur la main d’une demoiselle de Chateauneuf-le-Fief. Et je vis à la façon dont elle le traita que le respect pour les choses anciennes, même maudites, tendait à diminuer considérablement.

(A suivre) pierre mac orlan