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714 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

s'était consumée jusqu'au bout; un rayon de lune éclai- rait la chambre où j'étais seul.

Je fus quelques instants avant de pouvoir reprendre conscience de ma personnalité dans cette atmosphère.

Je me levai. Mon premier soin fut d'ouvrir la porte et d'appeler Katje. Ma voix resta sans écho dans la maison vide. C'est alors qu'en regardant autour de moi, je cons- tatai que le pot d'onguent était réduit de moitié et que le balai avait disparu.

La fenêtre était également entr'ouverte. Le réveil s'était arrêté à minuit. Les deux bassets réveillés par mes appels dans l'escalier donnaient de la voix.

Je descendis leur ouvrir la porte. Tout était calme. Une inquiétude que je qualifiais d'irraisonnée pesait sur mes épaules. J'avais l'impression de me déplacer parmi des contingences fragiles et explosives. J'appelai mes deux chiens et rentrai dans ma chambre où je m'enfer- mai après avoir abandonné le projet d'attendre le retour de Katje.

Je m'étendis sur le lit tout habillé et j'allumai une cigarette.

Je possédais parmi mes livres quelques ouvrages de démonographes fameux. J'entrouvris, comme Mon- sieur Ouffle, le héros grotesque d'un roman cabalis- tique, la Démonomanie, de Bodin. C'est le guide-âne des démoniaques de classe moyenne. L'ouvrage n'est pas invraisemblable et se recommande surtout par sa loyauté. Ma servante ne connaissait pas ce livre. Son humeur mélancolique et vagabonde la poussait à se rendre au sabbat grâce à des influences que je ne con- naissais pas, mais que je soupçonnais villageoises.

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