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706 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

En somme, il ne s'agissait que d'atteindre le bois Fri- quet, le suivre à la lisière nord et laisser Kasper se débrouiller avec les faisans. La pluie gênait considéra- blement mon chien, qui, cependant, sentit le vent avec assez de finesse pour me donner bon espoir. J'atteignis en grelottant le bois Friquet, déjà totalement effeuillé par les premiers vents froids d'Octobre. Kasper travail- lait sous les branches. Deux ou trois fois il donna de la voix sur un lièvre et soudain s'élançant droit devant lui il s'arrêta au pied d'un sapin. J'attendis. Avec un grand bruit maladroit la poule partit la première. Je suivis ce bel oiseau au bout de mon fusil jusqu'à ce qu'il prit son vol horizontalement. Alors mon canon abandonna le but doré qu'il couvrait pour prendre de l'avance. Je lâchai mon premier coup dans le bleu du ciel devant l'oiseau qui dégringola. Mon deuxième coup le bouscula défini- tivement comme il touchait le sol. Kasper la queue haute s'était élancé et léchait l'oiseau mort. Mon émotion apparaissait. Je fis glisser, les mains tremblantes, la bête dans mon filet. La pluie faisait rage, interceptant l'hori- zon. Kasper sautait le long de mes jambes pour sentir la faisane. Et moi, aussi satisfait qu'un homme puisse Têtre à notre époque, j'allumai ma pipe et rentrai sous bois.

— Nous allons reprendre le chemin de la maison, dis- je à Kasper.

Le dachshund fit une volte joyeuse et sans hésiter flaira la sente traversant le bois Friquet dans sa plus grande largeur.

Le fusil sous le bras, je suivais mon chien. Nous ne chassions ni l'un ni l'autre, le bois étant pour l'ordinaire fort peu fréquenté par le gibier. Ça et là des geais jacas-

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