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LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN 70=>

Le soir, après quelques heures de volupté démorali- sante, Katje, levant ses yeux sombres vers le plafond où la lampe dessinait une auréole tremblotante, me dit :

— Au chant du coq, je vais abandonner ma personnalité de grande dame nue... Nue, dans votre lit, je suis une dame... Au matin, quand le coq aura chanté, je ne serai plus qu'une servante. Et, je le crains, même avec les plus belles robes et les perles les plus éblouissantes pour ma parure, je ne serai toujours qu'une servante pendant le jour, parce que le coq a chanté. Et tous les matins un coq chante...

— Tuez le coq, Katje.

— Vous parlez comme un enfant, mon pauvre ami.

��CHAPITRE II

Hubert, le fermier de la Grenadière, m'ayant affirmé qu'un coq et une poule faisane se trouvaient au gagnage, à la lisière du bois Friquet, dès le point du jour je par- tis avec Kasper. Il faisait froid, une pluie fine me coupait le visage et ruisselait en petites perles sur [es canons graissés de mon fusil.

Le chien et moi grimpâmes la côte pour atteindre le bois Friquet. La marche était pénible et, malgré mes jambières, l'eau me pénétrait malignement. Kasper, le nez au sol, trottinait en cherchant une piste ; mes sou- liers cloutés dérapaient sur les cailloux trop mobiles. Je jurai trois ou quatre fois le nom de Dieu et je regrettai d'être parti sans éveiller Katje qui m'aurait servi une tasse de café chaud et des rôties bien beurrées.

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