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666 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

avait eu la gentillesse de remplir la poche de mon tablier. 11 dit : Merci ; en prit une distraitement et tourna les talons aussitôt. Je quittai le bal peu après, la mort dans l'âme, et, de retour à la maison, il me prit une telle crise de désespoir, que ma mère me promit, pour Tan prochain, un costume de lazzarone. Oui, ce costume du moins me convenait ; peut-être qu'il plairait au clown... Au bal suivant, je fus donc en lazzarone; mais lui, le clown, n'était plus là.

Je ne cherche plus à comprendre pour quelles raisons ma mère, quand je commençai ma huitième, me mit pensionnaire. L'Ecole Alsacienne, qui s'élevait contre l'internat des lycées, n'avait pas de dortoirs ; mais elle encourageait ses professeurs à prendre, chacun, un petit nombre de pensionnaires. C'est chez Monsieur Vedel que j'entrai, bien que je ne fusse plus dans sa classe. Monsieur Vedel habitait la maison de Sainte- Beuve, de qui le buste, au fond d'un petit couloir-vesti- bule, m'intriguait. 11 présentait à mon étonnement cette curieuse sainte sous figure d'un vieux Monsieur, l'air paterne et le chef couvert d'une toque à gland. Monsieur Vedel nous avait bien dit que Sainte-Beuve était « un grand critique > ; mais il y a des bornes à la crédulité d'un enfant.

Nous étions cinq ou six pensionnaires, dans deux ou trois chambres. Je partageais une chambre du second avec un grand être apathique, exsangue et de tout repos, qui s"appelait Roseau... Derrière la maison, un petit jardin...

Ce jardin fut le théâtre d'un pugilat. A l'ordinaire

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